We, the undersigned civil society organisations in Africa, hereby call upon the Bill and Melinda Gates Foundation and the Target Malaria project to stop the intended release of 10 000 genetically modified (GM) “male sterile” mosquitoes in Burkina Faso, as the release poses unacceptable risks to human beings and the environment.
We note with grave concern that African citizens are being exposed to life threatening health risks, through questionable technology involving the release of GM mosquitoes. We are even more alarmed to learn that, by Target Malaria’s own admission, there are no advantages expected from the initial proposed GM mosquito release, as it is intended only for training purposes and not expected to deliver any benefits for malaria control in Burkina Faso.
We are aware that this open release is intended to test the infrastructure and biosafety systems in Burkina Faso, in preparation for future releases of experimental ‘extinction’ technologies, in the form of “gene drive” mosquitoes.
There is absolutely no justification for releasing these GM mosquitoes in Burkina Faso or elsewhere on the continent. It is highly unethical and totally unacceptable to conduct experiments that carry risks yet will not bring any result for malaria control. In fact, the intended release of the first-ever GM animal on the continent shows a callous disregard for African people and the environment and has caused many scientists to speak out about potentially harmful impacts. Indeed, it smacks of colonial medicine.
Furthermore, there is evidence that Target Malaria is paying local villagers 400 CFA francs (approximately 70 US cents) per hour to collect biting female mosquitoes from their own bodies. This pitifully small financial incentive for individuals to expose themselves to the possibility of contracting malaria is an outrage and extremely questionable from an ethical standpoint. Africa is once again being used as a cheap test laboratory with African citizens as the lab rats.
We note with concern that the Target Malaria project is shrouded in secrecy. There is no published independent environmental risk assessment (ERA) for the proposed release, other than that commissioned by Target Malaria’s funders. There has also been no public consultation, apart from “public engagement” activities conducted by Target Malaria, without any independent mechanism to ensure “free, prior informed consent”, which has resulted in social strife in the communities concerned. Any decision on open releases of GM mosquitoes requires meaningful public consultation fostered by the government of Burkina Faso, as mandated by the Cartagena Protocol on Biosafety to the Convention on Biological Diversity, to which Burkina Faso is a Party.
The lack of full public consultation on the ERA and the project’s activities undermines the legitimacy and credibility of the reported approval of these experiments by the Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), a Target Malaria consortium partner. Without this, local villagers, and the people of Burkina Faso and Africa, will not be able to make decisions regarding consent that are based on being fully informed about the risks. It is not the first time that the Gates Foundation has been implicated in carrying out clinical trials in developing countries without the adequate informed consent of those being tested. 1
In addition, the planned release will not be contained but likely to cause unintended transboundary spreading into the territories of several African countries, where the GM mosquitoes will present risks to biodiversity and human health, notwithstanding the fact that these countries will not be prepared to face these risks. We expressly say NO to these GM mosquitoes entering our lives on the continent.
Rather than depending on top-down external techno-fixes, which have resulted in failed malaria interventions in the past, we call instead for a redoubling of efforts to address malaria based on existing African pharmacological solutions and knowledge. At the same time, a more holistic approach in tackling the main factors contributing to the disease and its transmission is needed, including increased investment in public health services.
1 Without consent: how drugs companies exploit Indian ‘guinea pigs’.
This letter is available in English and French.
LETTRE OUVERTE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE AFRICAINE AU PROJET TARGET MALARIA
ARRÉTEZ LES LÂCHERS DE MOUSTIQUES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS – NOUS AVONS LE DROIT DE DIRE NON
Nous, soussignées, organisations de la société civile de l’Afrique, interpellons par la présente, la Fondation Bill et Melinda Gates et le projet Target Malaria pour qu’ils arrêtent les lâchers planifiés de 10 000 moustiques « mâles stériles » génétiquement modifiés (GM) au Burkina Faso, dans la mesure où ces lâchers posent des risques inacceptables aux êtres humains et à l’environnement.
Nous notons avec grande préoccupation que les citoyens africains sont exposés à des risques sanitaires en raison de technologies douteuses qui impliquent des lâchers de moustiques GM. Nous sommes d’autant plus inquiets d’apprendre que, de l’aveu propre de Target Malaria, les lâchers de moustiques GM ne présentent aucun avantage, dans la mesure où ces lâchers ne serviraient qu’à des fins d’entrainement, sans qu’on en attende de quelconques bénéfices en matière de lutte antipaludique au Burkina Faso.
Nous sommes également au courant que les lâchers ouverts ont pour but de tester l’infrastructure et les systèmes de biosécurité du Burkina Faso, en vue d’une préparation à de futurs lâchers à vocation expérimentale de technologies d’ ‘extinction’, notamment les moustiques issus du « forçage génétique ».
Il n’existe absolument aucune justification à ce lâcher de moustiques GM au Burkina Faso ou ailleurs sur le continent. Il est hautement contraire à la déontologie et totalement inacceptable de mener des expériences qui comportent des risques, sans être porteuses de bénéfices quelconques pour la lutte antipaludique. En réalité, le lâcher prévu du tout premier animal GM sur le continent est révélateur d’un mépris impitoyable à l’égard des populations africaines et de l’environnement, et a mené de nombreux scientifiques à en dénoncer les impactes potentiellement néfastes. Cela rappelle en effet les pratiques de la médecine coloniale.
De plus, preuve est faite que Target Malaria rémunère des villageois locaux 400 CFA francs (soit approximativement 70 centimes de dollars US) par heure pour permettre à des femelles qui piquent de se poser sur leurs corps. Le paiement d’une somme modique à des individus pour qu’ils s’exposent à des moustiques femelles qui piquent, et ainsi potentiellement au paludisme, est outrageux et soulève des questions d’ordre éthique de la plus haute importance. L’Afrique est encore une fois utilisée comme un laboratoire de test bon marché, dont les cobayes sont des citoyens africains.
Nous notons avec préoccupation que Target Malaria reste entouré d’un nuage de secret. Il n’existe aucune étude de risques environnementaux (ERE) pour le lâcher proposé, autre que celle commanditée par les bailleurs de Target Malaria. Aucune consultation publique n’a été engagée, autre que la « consultation publique » menée par Target Malaria, qui fut dépourvue de tout mécanisme permettant de garantir un « consentement préalable, libre et éclairé », ce qui a eu pour résultante des tensions sociales au sein des communautés. Toute décision concernant un lâcher ouvert de moustiques GM requiert une consultation publique authentique, facilitée par le gouvernement du Burkina Faso, tel que requis par le Protocole de Carthagène sur la biosécurité, auquel le Burkina Faso est partie.
L’absence de consultation publique sur l’ERE et les activités du projet sape la légitimité et la crédibilité de la prétendue autorisation de ces expériences par l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), un partenaire au sein du consortium Target Malaria. A défaut de quoi, les villageois locaux et les peuples Burkinabé et du reste de l’Afrique ne seront pas à même d’exprimer ou non leur consentement, lequel requerrait d’être pleinement informé des risques encourus. Ce n’est pas la première fois que la fondation Gates est impliquée dans des essais cliniques dans des pays en voie de développement en l’absence d’un consentement adéquat des personnes qui sont testées.
Qui plus est, le lâcher prévu ne sera pas contenu et il est fort probable qu’il se traduise par des mouvements transfrontaliers non prévus, et ce dans les territoires de plusieurs pays africains où les moustiques GM présenteront des risques à la biodiversité et à la sante humaine, nonobstant le fait que ces pays ne seront pas prêts à se confronter à ces risques. Nous disons expressément NON à l’entrée de ces moustiques GM sur le continent.
Plutôt que de dépendre de remèdes technologiques imposés par le haut, qui se sont traduits par l’échec des interventions antipaludiques de par le passé, nous appelons à un redoublement d’efforts pour remédier au paludisme, sur la base de solutions et de connaissances pharmaceutiques africaines déjà existantes. En même temps, une approche plus globale pour s’attaquer aux principaux facteurs contribuant à la maladie et à sa transmission est requise, y compris des investissements accrus dans les services de santé publique.